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Nécessité d'une réorientation vers les petites entreprises, familiales et individuelles à travers des incitations fiscales et « start-up » dans le projet de loi de finances 2025 du Cameroun.

Par Ngembeni Wa Namaso



Une réorientation de l'attention des grandes entreprises, des projets d'investissement ou même des entreprises d'État vers des entreprises plus petites, familiales et individuelles, en particulier celles qui emploient de 3 à 10 personnes, peut offrir une voie plus durable et plus inclusive vers le développement économique.


Cette réorientation ne signifie pas l'abandon des entreprises d'État et des grands projets, mais plutôt une réaffectation équilibrée des ressources et de l'attention vers des entreprises qui peuvent offrir des avantages plus immédiats et plus étendus aux communautés et, en fin de compte, contribuer à des économies plus résilientes et plus diversifiées.


Une telle réorientation devrait être envisagée dans le projet de loi de finances 2025.


1.     La gouvernance et captation des retombées dans les grandes entreprises


L'un des principaux arguments en faveur de la concentration sur les petites entreprises est la question omniprésente de la mauvaise gouvernance et de la mainmise des élites sur les projets à grande échelle, en particulier sur les entreprises d'État.


Dans de nombreux cas, les grands contrats sont attribués à des élites ou à des organes administratifs bien connectés, plutôt que d'être distribués aux communautés locales ou aux petites entreprises.


Ces processus entraînent souvent une mauvaise répartition des fonds publics, des inefficacités et de la corruption, les avantages financiers étant accaparés par un groupe restreint au sommet plutôt que d'être largement partagés.


Par exemple, dans de nombreux pays en développement, les grands projets d'infrastructure ont toujours enrichi un petit groupe d'élites politiques et commerciales, et seule une fraction des bénéfices a été redistribuée à l'ensemble de la population.


Une étude réalisée par la Banque mondiale en 2021 indique que les entreprises publiques en Afrique subsaharienne coûtent à elles seules aux gouvernements plus de 15 milliards de dollars par an en raison de l'inefficacité, de la corruption et de la mauvaise gestion. Cela souligne la nécessité d'une approche plus décentralisée et plus inclusive, où les gains financiers sont distribués plus équitablement.


  1. Distribution directe des bénéfices des petites entreprises


En revanche, les petites entreprises, en particulier les entreprises familiales et individuelles, profitent directement à l'économie locale. Elles créent des opportunités d'emploi pour les familles, génèrent des revenus qui restent au sein des communautés et contribuent à la cohésion sociale.


En se concentrant sur des secteurs tels que l'agriculture, la fabrication locale, le tourisme communautaire et le commerce à petite échelle, ces entreprises peuvent apporter des avantages économiques tangibles et favoriser un modèle de croissance plus durable.


Par exemple, les petits exploitants agricoles du Kenya ont montré que l'accès à la microfinance et l'amélioration de l'accès au marché peuvent augmenter les niveaux de revenus de 70 %, améliorant ainsi directement le bien-être de familles entières.


En outre, les petites entreprises sont plus susceptibles de réinvestir leurs bénéfices dans leurs communautés, ce qui stimule davantage les économies locales.


Selon une étude de l'OCDE, les petites entreprises ont tendance à créer plus d'emplois par unité d'investissement que les grandes sociétés, et elles sont plus résistantes face aux chocs économiques, car elles sont diversifiées dans plusieurs secteurs plutôt que de dépendre d'une seule industrie.


3.     Effet multiplicateur de la croissance des petites entreprises


Les petites entreprises et les entreprises familiales sont également très efficaces pour générer un effet multiplicateur dans l'économie.

Chaque emploi créé au sein d'une petite entreprise génère une demande de services locaux, des fournisseurs aux transports, créant ainsi une réaction en chaîne de l'activité économique.


Les recherches menées par la Small Business Administration aux États-Unis montrent que les petites entreprises génèrent près de 70 % des nouveaux emplois nets chaque année, et la Banque mondiale estime que les petites et moyennes entreprises (PME) contribuent à plus de 40 % du PIB dans les économies en développement.


En outre, les incitations fiscales - telles que les allègements fiscaux, les subventions aux jeunes entreprises, l'accès aux microcrédits et d'autres formes de soutien financier - peuvent encourager la croissance de ces entreprises.


En Inde, par exemple, le programme gouvernemental MUDRA a fourni plus de 25 milliards de dollars de microcrédits aux petites entreprises, aidant ainsi des millions de personnes et de familles à créer leur propre entreprise.


De telles incitations favorisent non seulement l'esprit d'entreprise, mais réduisent également la pauvreté et l'inégalité des revenus, ce qui favorise la paix sociale et la stabilité.


4.     Les petites entreprises dans les secteurs clés


Le fait de se concentrer sur des secteurs tels que l'agriculture, le tourisme de proximité et l'industrie manufacturière à petite échelle peut avoir de profondes répercussions sur les économies locales.


L'agriculture, par exemple, emploie plus de 60 % de la main-d'œuvre en Afrique subsaharienne, mais les petits exploitants sont souvent exclus des bénéfices des grandes entreprises agroalimentaires. En offrant un soutien ciblé aux petites exploitations agricoles, les gouvernements peuvent contribuer à stimuler la productivité et les revenus.


Dans le domaine de la conservation et du tourisme communautaires, les petites entreprises peuvent exploiter les ressources naturelles et le patrimoine local de manière durable. Au Costa Rica, par exemple, des initiatives d'écotourisme gérées par les communautés ont considérablement stimulé les économies locales tout en préservant les ressources naturelles.


De même, les petites entreprises manufacturières peuvent ajouter de la valeur aux matières premières locales, réduisant ainsi la dépendance à l'égard des importations et créant davantage d'emplois


5.     Grandes entreprises et développement des infrastructures


Bien que l'accent doive être mis sur les petites entreprises, les grandes entreprises continuent de jouer un rôle crucial dans le développement des infrastructures et la fabrication à grande échelle.


Les projets d'infrastructure à grande échelle, tels que les routes, les réseaux électriques et les télécommunications, constituent l'épine dorsale de toute économie et jettent les bases de la prospérité d'entreprises plus localisées.


Par exemple, les investissements dans les routes et l'électricité permettent aux petites entreprises des zones rurales de fonctionner plus efficacement et d'accéder à des marchés plus vastes.


Toutefois, il faut veiller à ce que ces investissements à grande échelle complètent la croissance des petites entreprises, au lieu de les éclipser.


Au lieu de canaliser tous les investissements vers les entreprises d'État ou les grandes entreprises étrangères, les gouvernements peuvent orienter stratégiquement les fonds vers la construction d'infrastructures permettant aux petites entreprises de prospérer, telles que les routes rurales, l'accès au numérique et les solutions énergétiques locales.


Conclusion : Une voie plus inclusive vers la croissance économique


En conclusion, l'accent mis sur les petites entreprises, les entreprises familiales et les entreprises individuelles offre une voie de développement économique plus inclusive, plus durable et plus résiliente.


Ces entreprises sont plus à même de bénéficier directement aux communautés locales, de créer des emplois, de favoriser la cohésion sociale et de promouvoir la stabilité économique.


En détournant l'attention des grands projets menés par l'élite et en soutenant les petites entreprises grâce à des incitations fiscales appropriées, nous pouvons créer un effet multiplicateur qui stimule la croissance économique, améliore le bien-être et réduit les inégalités.


Il en résultera une répartition plus équitable des richesses, une économie plus diversifiée et, en fin de compte, une plus grande paix sociale.


Ngembeni Wa Namaso est Conseiller Technique à Korup United, Mundemba, Ndian, Cameroun. Contact : pmbile@gmail.com 

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